Le Monde Sept. 27, 2021
L’Alsace Sept. 19, 2021
by Sebastien Spitaleri
Transkript
(deutsche Version, siehe unten)
Les gilets jaunes investissent Art Basel
La grande foire de l’art contemporain Art Basel, qui débute ce lundi 20 septembre, a déjà commencé tambour battant ce vendredi pour Enrique Fontanilles et Romain Tièche, deux artistes anticonformistes qui commercialisent des gilets jaunes pour protester notamment contre « l’ultra-marchandisation de l’art ».
La 51e édition d’Art Basel, la grande foire de l’art contemporain à Bâle, sera jaune ou ne sera pas. C’est, en tout cas, l’objectif que se sont fixés le Suisse Romain Tièche et le Catalan Enrique Fontanilles, qui ont prévu d’y vendre des gilets jaunes et d’inviter le public à les porter un peu partout sur la foire, jusqu’à la clôture d’Art Basel, le 26 septembre prochain. Les deux artistes anticonformistes, qui ont leur atelier à Saint-Louis et Mulhouse, ont ouvert leur « ensemble prêt-à-porter » (c’est le nom qu’ils ont donné à leur action) ce vendredi 17 septembre, au sein de la galerie Praxis storefront, située Bäumleingasse 9.
« C’est là que tous les riches et les beaux s’amusent »
Une centaine de gilets jaunes siglés « 51|2021 by prêt-à-porter » y sont exposés sur un portant et commercialisés, contre une participation de 5 CHF, 5 € ou 5 $. Et 33 pièces ont déjà trouvé preneur en moins d’une journée ! « Mais les gens qui ont leur propre gilet jaune sont les bienvenus et peuvent se joindre à nous », précise Enrique. Loin des revendications des « gilets jaunes » français, cette action a surtout pour but de « taper du poing sur la table et dénoncer la scission culturelle qu’opère le marché de l’art au sein de la société contemporaine », comme l’explique l’artiste catalan : « Il n’y a plus aucune critique possible dans l’art contemporain et ce n’est pas normal. L’art contemporain s’est fait rattraper par le système et en est même à la pointe aujourd’hui. C’est là que tous les riches et les beaux s’amusent. »
Expulsé et arrêté à plusieurs reprises
Ce n’est pas la première fois qu’Enrique Fontanilles fait parler de lui à Art Basel. Il entretient d’ailleurs une relation particulièrement tumultueuse avec la foire bâloise et cela dès la première édition, en 1970, lorsqu’il était encore étudiant et avait protesté afin de demander pourquoi l’art avait besoin d’une foire ? Le Catalan y sera expulsé et même arrêté quelques années plus tard. La première fois, en 1999, parce qu’il distribue de la soupe dans une galerie d’art et organise des tables rondes. « Ce n’était pas l’image que les organisateurs voulaient donner. » Puis en 2014, avec un petit groupe d’amis, il est arrêté et fouillé de manière « très approfondie » pour avoir dénoncé – en rejouant la scène – l’intervention musclée des forces de l’ordre l’année précédente, qui avait engendré une vague d’expulsions « simplement parce que les gens étaient dehors et faisaient du bruit ».
Difficile de savoir, alors qu’Art Basel s’ouvre ce lundi 20 septembre pour les collectionneurs et le jeudi 23 septembre seulement « pour le public normal, simple et sans argent », dixit Enrique, si cette vague jaune qui déambulera devant les galeries de la foire sera bien perçue par les autorités ou si le Catalan doit s’attendre à une nouvelle expulsion manu militari….
Gelbe Westen erobern die Art Basel
Die große Messe für zeitgenössische Kunst Art Basel, die am Montag, dem 20. September, eröffnet wird, hatte am Freitag einen fulminanten Start für Enrique Fontanilles und Romain Tièche, zwei unangepasste Künstler, die mit gelben Westen gegen die "Ultrakommerzialisierung der Kunst" protestieren.
Die 51. Ausgabe der Art Basel, der wichtigsten Messe für zeitgenössische Kunst in Basel, wird entweder gelb sein oder nicht. Das ist zumindest das Ziel von Romain Tièche aus der Schweiz und Enrique Fontanilles aus Katalonien, die bis zum Ende der Art Basel am 26. September überall auf der Messe gelbe Westen verkaufen und das Publikum einladen, sie zu tragen. Die beiden antikonformistischen Künstler, die ihre Ateliers in Saint-Louis und Mulhouse haben, eröffneten am Freitag, den 17. September, ihr "Prêt-à-porter-Ensemble" (so nennen sie ihre Aktion) in der Schaufenstergalerie Praxis in der Bäumleingasse 9.
"Hier haben die Reichen und Schönen ihren Spaß."
Rund hundert gelbe Westen mit dem Logo "51|2021 by prêt-à-porter" sind auf einem Gestell ausgestellt und werden gegen eine Gebühr von CHF 5, € 5 oder $ 5 verkauft. Und in weniger als einem Tag sind bereits 33 Stück verkauft worden! "Aber wer eine eigene gelbe Weste hat, ist bei uns willkommen", sagt Enrique. Weit entfernt von den Behauptungen der französischen "Gelbwesten" soll diese Aktion vor allem "auf den Tisch hauen und die kulturelle Spaltung anprangern, die der Kunstmarkt in der heutigen Gesellschaft betreibt", wie der katalanische Künstler erklärt: "In der zeitgenössischen Kunst ist keine Kritik mehr möglich und das ist nicht normal. Die zeitgenössische Kunst ist in das System eingebunden und steht heute sogar an der Spitze des Systems. Dort haben die Reichen und Schönen ihren Spaß.
Mehrmals vertrieben und verhaftet
Es ist nicht das erste Mal, dass Enrique Fontanilles auf der Art Basel zu sehen ist. Er hat eine besonders turbulente Beziehung zur Basler Messe seit ihrer ersten Ausgabe im Jahr 1970, als er noch Student war und dagegen protestierte, dass die Kunst eine Messe brauche? Der Katalane wurde vertrieben und einige Jahre später sogar verhaftet. Das erste Mal im Jahr 1999, weil er in einer Kunstgalerie Suppe verteilte und runde Tische organisierte. "Das war nicht das Bild, das die Organisatoren vermitteln wollten". Im Jahr 2014 wurde er dann mit einer kleinen Gruppe von Freunden verhaftet und "sehr gründlich" durchsucht, weil er - durch die Nachstellung der Szene - das harte Eingreifen der Ordnungskräfte im Vorjahr angeprangert hatte, das zu einer Welle von Räumungen geführt hatte, "nur weil die Leute draußen waren und Lärm machten".
Da die Art Basel am Montag, dem 20. September, für Sammler und am Donnerstag, dem 23. September, nur "für das normale, einfache Publikum ohne Geld", wie Enrique sagt, geöffnet wird, ist es schwer zu sagen, ob diese gelbe Welle, die vor den Galerien der Messe umherziehen wird, von den Behörden gut aufgenommen wird oder ob die Katalanen mit einer weiteren manu militari (militärischen Räumung) rechnen müssen...
(übersetzt ab französisch mit DeepL)